31 août 2010

Nez de coquerelle

Durant une certaine période de temps, et comme un paquet de filles enceintes, j'ai eu l'odorat hyper-aiguisé, genre limite surpuissant. Ce qui, mes amis, n'est pas sans conséquences, ni aussi anodin qu'on pourrait le croire. À l'apogée de mes symptômes, je ne pouvais même plus supporter l'odeur de mon propre antisudorifique (c'est d'ailleurs comme ça que je me suis doutée que j'étais enceinte - j'ai alors dû me rabattre sur un produit naturel non-parfumé et formidablement inefficace).

Si Croustimignon avait le malheur de changer de savon, je ne pouvais pas l'approcher dans un rayon de 3 km. Toutes les odeurs me donnaient mal à la tête, comme si on m'avait vaporisé de grands jets de parfum directement dans les narines. Au plus vif plaisir de mon Aimé, je répétais souvent ce doux chant d'amour: "TOUT PUE!!! Maudit que le monde PUE! Tu sens pas comme ça PUE???" (sur un ton vaguement hystérique, les yeux exorbités, en sautillant d'exaspération).

Ma voisine, cette grande fan de BBQ, s'y adonnait généralement chaque soir vers 22h, quand j'avais mal au coeur pour tuer, et qui plus est devant la fenêtre de mon salon (toujours ouverte, pour cause de canicule). À peine avait-elle le temps d'allumer le gaz et de dégainer son pot de sauce VH que déjà je lui avais claqué ma fenêtre au nez, non sans maudire ses appétits carnivores. Tu pourrais pas bouffer une salade, de temps à autres, Miss? Ça sent rien, une salade! Et le Guide alimentaire canadien que je meurs d'envie de te brandir sous le nez est sans équivoque: t'as besoin de plein de légumes par jour et tu manges clairement trop de viande. (Je sais que ce sont pas mes oignons, je sais. C'est son droit de s'envoyer des millions de steaks si ça lui chante. Mais c'est aussi mon droit le plus strict de me comporter en folle déraisonnable.)

Qui dit odorat perturbé dit bien souvent goûts alimentaires weirds et papilles gustatives surqualifiées. J'ai été saisie de découvrir comme les fruits goûtent les pesticides, quand on a la capacité de les détecter. Même après un bon nettoyage. Et comme on décèle un arrière-goût de sucre et de gras cheap dans les aliments industriels. D'ailleurs, c'est à ce moment-là que le goût de Croustifondant pour les chips à saveur de hot-dog du stade olympique est passé du statut de "farfelu" à "pure torture" (ça sentait jusque dans notre chambre!!).

Côté cravings, j'ai eu ma passe Raisin Bran, ma passe fromage Vache qui rit, ma passe 8 pêches par jour, ma passe cupcakes... C'est souvent tout ce qui rentrait sans effort, de toute façon.

Mais tout va mieux maintenant: mes hormones se sont calmé les nerfs et tout rentre dans l'ordre peu à peu. Bien sûr, ma voisine a attendu ce moment-là pour se mettre à délaisser son BBQ. C'était écrit dans le ciel.
Et il y a un paquet jumbo de 24 Vache qui rit qui niaise au frigo... parce que ça goûte pas si bon que ça, en fin de compte, hein.

29 août 2010

Les écluses

Ouais, ben c'était tranquille ici depuis quelque temps, hein...

Mais ce n'était pas dû à un manque de matière première, il faut le dire. Durant les deux derniers mois, j'aurais pu écrire facilement 250 posts sur tous les changements qui s'opèrent dans ma vie, en particulier autour de mon corps et de mon équilibre psychologique. Mais je ne voulais pas annoncer ma nouvelle grossesse trop prématurément, d'autant que mon lieu de travail compte plusieurs centaines d'employés et qu'une nouvelle de cet acabit se répand comme une traînée de poudre jusqu'au dernier commis du 3ième à qui vous n'avez même jamais adressé la parole.

Mais maintenant que tous mes amis Facebook ont eu vent de la nouvelle, par contre, j'ai des milliers de choses à dire! Je me dois de vous avertir, cependant: si vous ne voulez pas entendre parler de grossesse, de couple et d'enfants - ce que je comprends parfaitement - vous risquez de me trouver un peu gossante. Mais c'est un événement trop big pour que je m'empêche d'en décortiquer tout le merveilleux - et le ridicule, parfois.

Exemple de ridicule...
En 1,8 secondes, une Ferrari 248 F1 passe de 0 à 100 km/h.
Moi, je passe du calme plat plat plat à la crise de larmes IN-CON-TRÔ-LABLE.

Pas le style de crise dramatique, genre abîmes du désespoir, où plus rien ne me semble beau ni drôle. Au contraire: le genre de débâcle de larmes à laquelle se mêlent éclats de rires et gros câlins, parce qu'elle ne prend son origine nulle part, sinon dans le cocktail d'hormones qui me submerge. Hier, j'ai éclaté en sanglots après une pub de n'importe quoi.
Pas grave, ça m'a fait une bonne excuse pour me faire consoler. On ne saura simplement jamais de quoi...