27 mai 2010

Fièvre du shopping

Cette semaine, j’ai eu une journée de congé imprévue. Et qui dit congé, fonds monétaires disponibles ET pas de linge d’été à me mettre sur le dos dit forcément magasinage! Alors vous comprendrez que j’ai pas eu le choix : à contrecœur, j’ai pris mes responsabilités et je suis partie en escapade shopping.

Il faisait une température extrême : gros soleil, quarante-douze à l’ombre. Quoiqu’heureuse, j’étais également blanche et suintante, genre dumpling vapeur déambulant rue St-Denis.

L’entreprise fut un succès! J’ai trouvé plein de trucs d’été : des robes, des petits par-dessus et des sandales. Ce qui est vraiment bien quand t’achètes des gougounes en caoutchouc, c’est que la vendeuse essaie pas de te refiler sa gamme de polis protecteurs inutiles. N’a même pas fait mine de se lancer dans son petit pitch de vente habituel (ça a dû lui faire mal de refouler tout ça…) Et moi, je m’en suis sauvée sans avoir à deviser sur les vertus de l’huile de vison, qui dormirait dans le fond d’une armoire, de toute manière, entre de vieilles éponges et des petites assiettes de fête dépareillées. Car qui, mais vraiment QUI, prend le temps d’astiquer bottes et chaussures chaque semaine, religieusement? Hormis les deux ou trois accès de motivation annuels typiques, nourris par la culpabilité.

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Autre ennemi du plaisir de magasiner, souvent décrié: les cabines d’essayage.
Un miroir, c’est chien et c’est impitoyable. Y aurait pas moyen de mettre un éclairage un peu flatteur, que je garde un peu de dignité? D’ailleurs, c’est déjà pas facile quand le miroir est DANS la cabine; certaines boutiques vous le flanquent À L’EXTÉRIEUR, au vu et au su de tous. Dans ce temps-là, je passe carrément mon tour. Propriétaires inconscients, vous voilà bien punis.

C’est un non sens absolu : forcément, sur les 4 ou 5 morceaux à essayer, il y en a la moitié qui vous font une croupe démesurée ou pire, un camel toe. Et est-ce que j’ai envie d’offrir à tout le Plateau Mont-Royal une vue imprenable sur ce genre de faux pas vestimentaire? Attendez que je réfléchisse deux petites secondes…
NON.

Dans une autre boutique: pas de loquet sur la porte. Elle ne s’enclenchait même pas. Mais pas de danger, que je me suis dit, confiante, ils ont sûrement un code entre employés pour voir si la cabine est occupée, de l’extérieur. Bah, de toute façon, c’est quoi les chances que l’autre vendeur nonchalant rapplique et ouvre la porte pendant que je suis en sous-vêtements?

… Élevées, faut croire.

23 mai 2010

Virée mère-fille au parc Jarry

C’est vraiment magnifique, le parc Jarry : verdure, petit lac, grosse fontaine… Mon petit bout de campagne à moi.

Et à 250 promeneurs.

Parmi lesquels, ce délicieux garçonnet. Dix ans, bermudas, un fusil à l’eau dans chaque main. Son père, dans sa grande désinvolture parentale, le laisse – et même l’encourage à – arroser les petits canards et les pigeons qui ne font de mal à personne. Ha ha ha, c’est si drôle d’embêter les animaux.

« Tu es un garnement, mon grand! »

Ouais ben, ton grand, faudrait lui expliquer les bases, je crois. D’ailleurs, j’en fais mention à ma mère. Peut-être un peu fort. Mais c’est la faute de mes lunettes soleil : j’ai toujours l’impression que les verres fumés atténuent la lumière ET ma voix.

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Une gamine passe sur sa bicyclette mauve, avec panier Barbie et franges blanches au guidon. Ma mère me fait remarquer que les modèles gars (couleurs foncées, roues larges, déjà viriles) et fille (roues fines, roses, plein d’accessoires et de cossins pas si utiles – à l’image de la sacoche qu’elle trimbalera sans doute à l’âge adulte) sont passablement différents… On dirait que c’est déjà super important de définir clairement les différences entre les deux sexes. Pas de zones grises dès l’enfance, hein, sinon qu’est-ce que ce serait plus tard.

Ça me fait penser à la névrose collective autour des couleurs de pyjama et de chambres de bébés. Notamment le rose, ostracisé. Comme si un nourrisson de trois semaines allait être marqué à vie par la couleur de ses culottes. Come on, il sait même pas où est sa tête. Je doute que le port d’un malheureux gilet de couleur dite « de fille » ait de graves conséquences et jette les bases d’une sexualité fatalement déviante...


22 mai 2010

Petit deuil entre amis

Au temps des amours parfois tout croches et des relations pas trop viables, alors qu’on ne se connaît pas tellement, on rêve du jour où on va trouver LE bon. On se projette dans l’avenir : il sera beau mais surtout, je serai belle à ses côtés. Nous nous comprendrons sans rien dire. Ce sera un festival de séduction à l’année longue.

Un jour, une rencontre heureuse arrive : on a trouvé un homme merveilleux. Éventuellement (et heureusement), certains rêves complètement idylliques prennent le bord pour faire place aux vraies relations, d’humain à humain, forts, faibles et imparfaits. Mais on est engagé, pour le meilleur et le moins meilleur.

C’est beau, c’est le fun, c’est plate, c’est magique et c’est étrange. Une expérience ultime, nuages et sloche inclus. Et la sloche n’est pas forcément dans la relation, mais elle l’accompagne : avec l’amour et la stabilité viennent parfois des deuils.

Je me rends compte que je ne peux pas passer autant de temps à la maison avec Croustifondant et maintenir une vie sociale débordante. Alors que certaines de mes amies en sont exactement au même point que moi (famille, travail, style de vie plutôt casanier, soupers en petits comités), d’autres sont à l’opposé. Si bien qu’on ne se voit que très peu. Trop peu. Les dynamiques changent, la volonté de se voir s’affadit parfois, se meut en vœux pieux. Oui oui, je t’appelle. Heille, faudrait TELLEMENT qu’on aille prendre un café là!

Avec ces appels manqués et ces rendez-vous qui s’espacent peu à peu, vient une grande tristesse . Une tranche de ma vie semble foutre le camp.


21 mai 2010

Un rien m'enthousiasme.

Je suis très fan des asperges, figurez-vous donc. Si si. Et il se trouve que les asperges viennent avec - pardonnez-moi - le pipi d'asperge. Qui pue.

Mais voici une révélation majeure: ce n'est pas le cas de tout le monde. Il paraît que l'urine de certaines personnes ne sent rien parce qu'elles ne synthétisent pas bien la petite substance très nutritive de l'asperge. Et, après des années de cours d'éducation physique à être systématiquement la dernière choisie dans les équipes de ballon-chasseur, ça m'a mise d'excellente humeur de savoir que, grâce à mes capacités biologiques toutes naturelles, je faisais partie du club sélect de ceux qui synthétisent bien les vitamines des asperges. Est-ce que les petits Jonathan à casquette de l'époque peuvent tous en dire autant? Euh, je ne crois pas non. Y en a qui synthétisent rien pantoute, à l'heure où je vous parle.

Hein, qui c'est qui est dernier, maintenant.
Ha ha ha!! C'est tellement dans votre face, hein, LOSERS.

16 mai 2010

Au pays du bon pin frais

Samedi dernier, Croustimignon et moi on s'est tapé le périple annuel chez Ikea. La Mecque des jeunes ménages de classe moyenne et l'endroit idéal pour se créer des besoins.

Sitôt entré, Crousti annonce qu'il va bientôt pogner les nerfs. Je le comprends: c'est bondé, les gens parlent fort et barrent le chemin, les bambins remuent et pleurnichent déjà dans leur caddy. Tu vas trouver le temps long, Junior, on n'est même pas rendus aux accessoires de cuisine.

Mais moi je suis bien calme, droguée à l'endorphine, déjà trop heureuse d'être au paradis Ikea. Attends, mais Ikea, c'est le temple du rangement. De petites, moyennes et grosses boîtes, en plastique, carton, tissu, où dissimuler tout ce qui traîne dans la maison. La victoire projetée d'un équilibre complètement illusoire - auquel j'aspire néanmoins chaque jour - sur l'indomptable chaos ambiant. C'est en masse pour satisfaire sa femme.

Section des meubles de salon.
Le choix est limité: il faut dire que la majorité des meubles télé sont soit bien au-delà de notre budget (a-t-on idée de payer 550$ pour une shit en contreplaqué?!), soit tendance années 90 (j'y mets le holà: c'est hors de question). La mince sélection restante est sujette au débat, qui porte surtout sur les poignées: mon choix a six tiroirs et de petits boutons de bois, style classique. Le choix de Crousti a deux gros tiroirs avec un genre de creux plaqué de métal en guise de poignée, style Les idées de ma maison 1992. Et déjà, il ne comprend pas pourquoi on a besoin de tiroirs. C'est là qu'on sent qu'il est immunisé contre le chaos. Non mais, quelle question! Il y a MILLE bébelles qui traînent - fils, manettes, etc. - qu'on ne sait jamais où fourrer et qui rajoutent chaque jour une couche d'exaspération sur ma petite névrose de Martha Stewart. Évidemment qu'on a besoin de tiroirs!

En fin de compte, personne n'a gagné le débat du bon goût. Nous nous sommes rabattus sur un entre-deux acceptable. Ce qui me frappe de plein fouet, c'est qu'entre Crousti et moi, ce sera toujours un combat entre son idée du bon goût et la mienne, alors que je croyais qu'on se rejoignait sur la question. J'étais estomaquée qu'il préfère les poignées de métal, bien franchement. Comme quand mon ex m'avait annoncé ses couleurs politiques, tout fier. Monsieur voterait pour Harper s'il avait le droit de vote. Euh, QUOI??

Ce qui me plaît à mort chez Ikea, c'est que ça sent le bois mou. L'odeur de pin non traité, j'adore ça, même si ça ne vaut rien. Ça me donne l'impression qu'en Suède, c'est ça que ça sent. Ce qui est un peu n'importe quoi; mon petit duo-tang à 85 cennes made in China et son odeur d'encre cheap, par exemple, n'ont jamais rien évoqué de chinois dans mon esprit. (Cela dit, je me demande quelle odeur peut bien avoir le Canada, pour des étrangers? Une odeur de sapin, sans doute. Et de police montée. Et de crotte de cheval. J'ai toujours trouvé que j'étais née dans le pays le moins sexy du monde. Et maintenant qu'il est dirigé par un machin de droite, rigide et peigné sur le côté, et quoiqu'en pense mon ex, les choses n'iront pas en s'améliorant...)

Finalement, nous avons trouvé nos 3-4 meubles. Mieux encore: je n'ai pas cédé à mes envies compulsives de ramasser des milliers de cossins dont je n'ai pas besoin, preuve d'une certaine volonté (et/ou d'un manque de budget). Il y a eu quelques tensions, quelques confrontations, mais nous sommes sortis indemnes de ce petit périple. Indemnes et clairement moins riches.

12 mai 2010

Retour vers le futur

Des fois, on vit des situations cool et on se dit: ça, ça va être encore plus cool comme souvenir.

Je me vois déjà, mamie au coin du feu, racontant à mes petits-enfants que, back then, en 2010 (dans leur esprit, l'époque où on vivait carrément en noir et blanc) il y avait à Montréal une équipe de hockey (l'ancêtre de je ne sais quel sport 3D interactif du futur - "Sans blague, les gens jouaient vraiment, Mamie? Avec de vrais bâtons et leurs vrais muscles?" "Oui, mes poussins! Et Mamie s'en câlissait pour vrai, avec son vrai manque d'esprit d'équipe").

Bon, je poursuis. Il y avait une équipe de hockey de calibre un peu variable, si bien que quand ils se sont rendus au 7ième match contre l'équipe de Crosby, le petit merdeux plein de talent (enfin, je cite votre grand-père, hein, moi j'ai jamais fait la différence entre Ovechkine, dieu de la glace et Jérémie, bantam AAA), Montréal était en émoi.

Le jour dudit 7ième match, La Presse (un journal de papier... ouais, non, le papier, c'est comme une pâte d'arbre chessée à plat... ah, laissez-faire) avait publié une petite poupée voodoo à l'effigie d'un pas fin de l'autre équipe, à rembourrer soi-même. Durant le match, Mamie l'a piné comme une défoncée, ce petit salopard, et qui c'est qui a gagné? Je vous le donne en miles: notre équipe de calibre un peu variable. Oui, mes enfants, j'ai vécu ce moment historique. Comme d'autres ont vécu la chute du mur de Berlin ou la fin de l'Apartheid. Vibrant, je vous dis.

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Bon, bien sûr que j'ai pas passé ma soirée à piner ma poupée de Malkin. J'avais de la rédaction à terminer. Et puis les affaires allaient rondement, pour eux. Ils avaient pas tellement besoin de mon concours. Néanmoins, j'ai déjà une photo de moi, gravée dans mon backstore de cerveau: 28 ans, petite robe, la poupée de papier journal à la main... Ça sera impeccable, comme anecdote de jeunesse. Sûrement bien plus palpitante que la soirée que je viens de passer.

Parce qu'on se mentira pas, hein: 75% de nos bons souvenirs sont composés d'une situation le fun, polie avec les années et montée au Final Cut Pro pour enlever les bouts plates. Mais c'est pas grave: comme disait le poète (ou était-ce Gaston Lepage?): "Se souvenir du bonheur, c'est encore du bonheur."

11 mai 2010

Post dans lequel je suis vulgaire

Ah ben mauzusse, je l'ai manquée!

C'était la Journée sans maquillage et ça m'était complètement sorti de la tête. Moi qui tenais mordicus à relever ce défi-là... Du moins, je l'envisageais. Faiblement. Du coin du cerveau.

Quoiqu'avec la journée AURIBE que je viens de me taper - non mais je pèse mes mots, ici - c'est heureux qu'il y ait eu une couche de fond de teint pour calfeutrer la haine qui suintait de mon visage. (Image dégoûtante, oui, mais combien juste.) De ces journées où vous vous sentez si dégoulinante de ÇA VA DONC BEN MAL, OSTIE que la petite béquille coquetterie n'est pas de trop. C'était pas le temps de me lancer des petits défis merdeux.

Ben non, c'est pas aujourd'hui que j'aurai fait avancer la cause de mon propre visage nu devant le juge sévère et coincé qu'est mon impitoyable esprit d'autocritique.
C'est un autre dossier qui va attendre, pendant que je me repoudre le nez.

09 mai 2010

Petit commerce modèle

Sur une toute petite rue pas loin de chez moi, perdu entre un barbier à l'ancienne et un resto crade au bord de la faillite, se trouve LE commerce indispensable de toute zone résidentielle: un chapelier. Mais attention, hein, tel que spécifié sur la devanture, c'est un chapelier de confiance.

Les bancs datent facilement des années 50 et il y a une caisse à manivelle. J'ai jamais vu un chat y entrer, le proprio passe ses journées à jaser dehors avec ses potes et surtout, y a pas l'ombre d'un chapeau dans la boutique. Même pas un petit chapeau melon, comme ça, pour la déco.

Rien.
Que des chaises. Vides.

Oh mais c'est pas pour me montrer méfiante, hein!
Vous avez TOUTE ma confiance.

06 mai 2010

Épiphanie du jour

J'avais cette EXCELLENTE chanson dans la tête (la chanson d'Hélène, ou quelque chose dans le genre vieux succès des années 90 / CKOI fluo)...

Ça va comme suit:

Je mets le pied devant
Je mets le pied derrière
Je mets le pied devant
Je fais de tous petits ronds
Je fais le boogie woogie
Je fais le tour de moi même
Et je vais en-avant...

Puis j'ai eu une révélation: si quelqu'un cherche le sens de la vie, je veux dire, IL EST JUSTE LÀ.
J'avance, je recule, je fais un peu de sur place, oh pas sûre... ah et puis fuck off, je me lance. Et je vais en-avant.

Merci.

Bonsoir.

04 mai 2010

Petite étude anthropologique du vendredi soir

Vendredi dernier, Crousti et moi avons ajouté une activité de couple à notre emballant répertoire: nous avons baby-sitté. Pour la toute première fois ensemble, que j'ajouterais-je.

Je vous laisse imaginer ce que ça pouvait représenter dans mon esprit de fille: une expérience inespérée et hautement nourrissante - à la limite de l’étude anthropologique - de laquelle non seulement nous sortirions grandis, mais qui jetterait les bases de notre éventuelle dynamique parentale. Dans son esprit à lui, ça représentait surtout un service rendu à de bons amis et le sacrifice d'une soirée de hockey entre potes à la brasserie. Sacrifice, c'est bien le mot. Parce que moi, dans ma grande insensibilité à la chose sportive, je croyais naïvement que la première partie des quarts de finale était de loin la moins captivante, et que l'intérêt allait croissant à mesure qu'on approchait l'élimination potentielle.(C'est comme ça pour moi, en tout cas: à mesure que les séries avancent, mon intérêt passe de nul à très faible). Au contraire, selon Croustifondant, la première game figure parmi les plus enlevantes. Allez y comprendre quelque chose.

Nous avons donc accepté de garder le bambin d'un couple d'amis - et quand je dis bambin, je veux dire bébé merveilleux, objet de mon idolâtrie. Bon, est-il besoin de le dire, durant la soirée je me suis inquiétée de tout: a-t-il trop mangé ou pas assez? (Peut-on se fier au bébé pour nous signifier qu'il n’a plus faim ou c'est comme les poissons rouges, qui bouffent tant que tu leur en donnes? Et là bonjour flaque de vomi dans le lit, et on sait combien je peux être à l’aise avec le vomi, fut-il issu d'une bouche mignonne comme tout.) A-t-il suffisamment chaud sous ses vingt-deux couvertures? Dort-il ou a-t-il simplement cessé de respirer? Et si j’avais mal étalé cette crème pour les fesses et qu’il avait des croûtes de pâte blanche toute chessée au prochain changement de couche? Que vont penser ses parents de mes méthodes… « C’est comme ça que t’administres les fesses de notre fils?? » Et puis déjà, c’était lequel des deux tubes de pommade qu’elle m’avait dit de prendre? Et si je lui avais étalé un truc complètement inapproprié sur le derrière? (Ça ferait un super souvenir à évoquer quand il aura 15 ans, tiens : « bien sûr que je me rappelle de toi, t’étais haut comme trois pommes et je t’avais étalé un truc complètement inapproprié sur le derrière! Ce qui suppose que j’ai non seulement vu tes fesses, c’est exact, mais aussi tes crottes, eh oui! Si je m'en souviens... »)

Pendant que mon hamster-inquiétude spinait dans sa roue et que j’envisageais déjà des solutions à des problèmes qui ne se posaient pas, Croustimoelleux câlinait le chat en souvenir du bon vieux temps et regardait les Canadiens se faire démolir, beaucoup plus inquiet de l’issue du match que de l’arrêt cardio-respiratoire TRÈS PROBABLE du bébé dont nous avions la garde.

À la fin de la soirée, j’étais peut-être un peu tendue, mais le bébé était sain et sauf (qui l’eut cru). Évidemment, les parents ont un peu rit de moi à leur retour. Ouais parce que c’est bien beau de se faire du souci, mais il paraît qu'on botche un peu plus après quelques mois de vie parentale. Paraît qu’il faut lâcher prise et dormir quand même. Quelle idée saugrenue.

03 mai 2010

Un peu sensible (2)


Sur mon lieu de travail, dans l'ascenseur.
Nous montons. Deux dames entrent. Elles croyaient que l'ascenseur descendait, alors que c'est indiqué clairement avant qu'on y entre, par une énorme flèche verte, qu'il monte.

Elles se rendent bientôt compte qu'elles vont devoir se taper les cinq étages avant de pouvoir regagner le rez-de-chaussée et elles pestent contre l'ascenseur qui leur fait faire un paquet de détours.

Et moi, un peu émotive, j'ouvre la bouche pour prendre la défense de ce pauvre ascenseur aphone et leur signifier que ce n'est pas de sa faute, pauvre lui, si elles ne sont pas attentives, qu'il a fait son travail et qu'elles le blâment à tort.

J'ai ouvert la bouche, mais je l'ai refermée juste à temps. Marie, un ascenseur ne peut pas faire pitié. Ça suffit.

02 mai 2010

Ton doux ronronnement

Justifier
Nous en avions déjà parlé, mais ça restait un projet plutôt vague. Mais là ça y est, Croustimerveilleux et moi, on s'est lancés officiellement. Ok, go, on plonge! Depuis, nous sommes trois à la maison: lui, moi, et BBQ.

La bête trône sur la galerie d'en-arrière, déjà super copine avec la colonie de pigeons qui y a élu domicile. Probablement aussi déjà à l'aise avec l'éventualité de cacas d'oiseaux sur sa carcasse. Y faut, parce que c'est dans le domaine du très possible.

Cet été, je vais donc ENFIN pouvoir me lâcher lousse et cuisiner jour et nuit toutes sortes de grillades alléchantes. J'ai fureté cinq minutes sur le site de Ricardo et déjà je suis plus arrêtable! Je me suis abonnée à 16h26 et déjà mon livre de recettes virtuel est bourré d'idées sensationnelles. Attends, je pense que tu saisis pas: tarte rustique aux fraises et bleuets sur le BBQ, poulet fumé au café (?!), brochettes de crevettes au balsamique, brochette de pétoncles à la marocaine et chorizo grillé... Le fun qui m'attend!!!

Bon, là j'étais venue sur Internet pour trouver une marinade vite faite pour les steaks du souper (nous déflorons la bête ce soir même). J'étais déjà un peu pressée, mais là je me suis mise carrément en retard. La viande n'aura pas le temps de s'attendrir parce que j'écris comme une compulsive.

J'adore le BBQ.
Non, mieux: j'adore l'idée du BBQ. Ça me suit, ça me remplit de satisfaction, même quand j'en mange pas. Y a juste mon amour des légumineuses qui va prendre le bord pour quelques mois. Ça se grille au BBQ, des pois chiches? C'est long à retourner, oui, mais quelle excellente excuse pour chiller avec la bête...

(Ronronnements.)

Reluisante tranche de vie


Au cinéma avec ma mère. Le film terminé, nous décidons de passer aux toilettes. Il y a une petite file d'attente devant nous, dont deux petites chicks manifestement pas très allumées puisque, mon tour venu, je m'aperçois qu'il y avait plein de cabinets libres mais dont les portes fermées laissaient croire le contraire. Et nous, on attend des heures derrières vous, bravo. Mais bon, ça ferait mauvais genre d’aller le leur signaler pendant qu’elles sont au lieu d’aisance. Je garde ça pour moi. Bref, j'entre dans une de ces cabines j’ai-l’air-occupée-mais-en-fait-non et je referme la porte derrière moi. Le loquet se montre assez récalcitrant; c'est peut-être pour ça que personne n'osait s'y aventurer. En insistant un peu, il finit par se barrer correctement.

Je fais ce que j'ai à faire, puis je m'apprête à ressortir.... mais bien sûr, le loquet farceur refuse tout net de s'ouvrir. Rien n'y fait: je tire de toutes mes forces, je tente de soulever la porte, de la pousser vers le bas, genre stratagème mécanique... rien. Et je commence à m'énerver. J'ai chaud. Je me raisonne, je respire : bon, pas de panique, au pire je sors par en-dessous. Je jauge l'espace sous la porte: trente petits centimètres de hauteur, tout au plus. J'entrevois déjà la honte d'avoir à sortir d'une toilette en rampant, sous le regard stupéfait d'une quinzaine de petites madames prêtes à pouffer de rire. Ok, non: solution exclue d’office par mon orgueil.


Pas le choix, je continue de me battre avec le loquet. On ne sait jamais, il est peut-être seulement coincé. Mais les minutes passent, ma mère est déjà aux lavabos et elle va bientôt se demander ce que je glande. Je ne peux quand même pas crier "Youhou, mesdames! Je suis prise aux toilettes comme une conne!". Au moment où j'envisage à nouveau de m'en extirper par le bas - je l'ai déjà fait, après tout, en 3ième année A, et je ne suis pas morte -, j'entends la voix de ma tante, qui se trouve là par hasard et qui discute avec ma mère. Ça c'est super, je vais m'humilier devant pleins d'inconnues ET devant ma famille. Trop génial.


Tellement génial que j'ai de plus en plus chaud. Limite panique irrationnelle. Avec l'énergie du désespoir, je tente un ultime combat avec ce loquet de merde: je tire, je tire, je tire de toutes mes forces. Ah et si je poussais... ça glisse comme du beurre dans la poêle. Bien sûr qu’il fallait pousser.


Je sors de la cabine, rougeaude, les jambes molles et le cœur qui palpite jusque dans les gencives. Flot d'endorphine - ou de je ne sais quelle hormone - de celle qui vient d'échapper à une mort certaine. Soulagement de n'avoir pas crié, ni signalé au personnel la défectuosité d'un loquet dont je n’ai pas le Q.I. pour me souvenir s'il se tire ou s’il se pousse.


Ma mère - on la salue, d'ailleurs - ne s'est rendue compte de rien. C'était long avant que je sorte, mais elle a eu a délicatesse de ne pas me demander ce que je fabriquais pendant si longtemps aux toilettes.


Ça m’a fait penser à ma splendide métaphore de vie d’il y a quelques semaines : parfois, je me sens comme une loutre pas de bras et gluante qui tente d'escalader un mur de glaise humide et très haut. On peut être tellement découragé devant une situation donnée et avoir l'impression qu'on n'a pas les outils pour passer à travers. Parfois, c'est plutôt vrai: il y a de ces épreuves intenses qui demandent beaucoup d'efforts. Mais d'autres fois, moi, la loutre pas de bras je capote pour rien alors que j’ai des jambes fonctionnelles que je suis juste trop sur les nerfs pour remarquer et que le haut mur en question a une porte qui ne demande qu’à s’ouvrir. Et je me crée beaucoup de stress inutile à en tirer le loquet alors qu'il n'y avait qu'à le pousser.