21 septembre 2010

De profil, on jurerait un chauffe-eau.

Il y a deux mois environ, je me souviens avoir dit à une amie que bof moi, les changements de mon corps durant la grossesse, ça ne me préoccupait pas tant que ça. Bah, tu sais, on s'y attend, c'est pas grave...

Pfouha ha ha!!

Je retire ce que j'ai dit. Malgré tout mon contentement d'attendre un bébé, et malgré le fait qu'on soit deux à se partager mon corps, ça me préoccupe. Et dans 5 mois, quand j'aurai atteint des proportions indécentes et que je peinerai à me mouvoir simplement, je saurai vous le redire: faut s'adapter.

Mais faut pas croire, hein, y a des jours où je me trouve bien jolie. Petit bedon, grosse poitrine, on se plaint pas... J'ai vu pire.
Mais j'ai vu mieux, aussi. La maudite grand' gossante du catalogue de Thyme Maternité, notamment...
Pourrait pas avoir des défauts, non? Hé qu'est fatiguante.

De toute façon, ce serait difficile de soutenir que je me regarde boursouffler sans sourciller alors que je passe de longues minutes quotidiennement devant le miroir plein-pied de la chambre à scruter les nouveaux volumes du jour. Y a surtout Croustifondant qui serait mort de rire si je prétendais que je m'en fous alors qu'au moins une fois ou deux, après une de ces séances si saines d'examen impitoyable, j'ai fait irruption dans le salon en pleurs - avec toute la modération dont je suis capable par les temps qui courent - en me lamentant sur l'esthétique weird de mon abdomen. Et pour quêter du réconfort et quelques compliments auprès de mon Aimé.

Bon ç'a marché, au moins, c'est déjà ça.

31 août 2010

Nez de coquerelle

Durant une certaine période de temps, et comme un paquet de filles enceintes, j'ai eu l'odorat hyper-aiguisé, genre limite surpuissant. Ce qui, mes amis, n'est pas sans conséquences, ni aussi anodin qu'on pourrait le croire. À l'apogée de mes symptômes, je ne pouvais même plus supporter l'odeur de mon propre antisudorifique (c'est d'ailleurs comme ça que je me suis doutée que j'étais enceinte - j'ai alors dû me rabattre sur un produit naturel non-parfumé et formidablement inefficace).

Si Croustimignon avait le malheur de changer de savon, je ne pouvais pas l'approcher dans un rayon de 3 km. Toutes les odeurs me donnaient mal à la tête, comme si on m'avait vaporisé de grands jets de parfum directement dans les narines. Au plus vif plaisir de mon Aimé, je répétais souvent ce doux chant d'amour: "TOUT PUE!!! Maudit que le monde PUE! Tu sens pas comme ça PUE???" (sur un ton vaguement hystérique, les yeux exorbités, en sautillant d'exaspération).

Ma voisine, cette grande fan de BBQ, s'y adonnait généralement chaque soir vers 22h, quand j'avais mal au coeur pour tuer, et qui plus est devant la fenêtre de mon salon (toujours ouverte, pour cause de canicule). À peine avait-elle le temps d'allumer le gaz et de dégainer son pot de sauce VH que déjà je lui avais claqué ma fenêtre au nez, non sans maudire ses appétits carnivores. Tu pourrais pas bouffer une salade, de temps à autres, Miss? Ça sent rien, une salade! Et le Guide alimentaire canadien que je meurs d'envie de te brandir sous le nez est sans équivoque: t'as besoin de plein de légumes par jour et tu manges clairement trop de viande. (Je sais que ce sont pas mes oignons, je sais. C'est son droit de s'envoyer des millions de steaks si ça lui chante. Mais c'est aussi mon droit le plus strict de me comporter en folle déraisonnable.)

Qui dit odorat perturbé dit bien souvent goûts alimentaires weirds et papilles gustatives surqualifiées. J'ai été saisie de découvrir comme les fruits goûtent les pesticides, quand on a la capacité de les détecter. Même après un bon nettoyage. Et comme on décèle un arrière-goût de sucre et de gras cheap dans les aliments industriels. D'ailleurs, c'est à ce moment-là que le goût de Croustifondant pour les chips à saveur de hot-dog du stade olympique est passé du statut de "farfelu" à "pure torture" (ça sentait jusque dans notre chambre!!).

Côté cravings, j'ai eu ma passe Raisin Bran, ma passe fromage Vache qui rit, ma passe 8 pêches par jour, ma passe cupcakes... C'est souvent tout ce qui rentrait sans effort, de toute façon.

Mais tout va mieux maintenant: mes hormones se sont calmé les nerfs et tout rentre dans l'ordre peu à peu. Bien sûr, ma voisine a attendu ce moment-là pour se mettre à délaisser son BBQ. C'était écrit dans le ciel.
Et il y a un paquet jumbo de 24 Vache qui rit qui niaise au frigo... parce que ça goûte pas si bon que ça, en fin de compte, hein.

29 août 2010

Les écluses

Ouais, ben c'était tranquille ici depuis quelque temps, hein...

Mais ce n'était pas dû à un manque de matière première, il faut le dire. Durant les deux derniers mois, j'aurais pu écrire facilement 250 posts sur tous les changements qui s'opèrent dans ma vie, en particulier autour de mon corps et de mon équilibre psychologique. Mais je ne voulais pas annoncer ma nouvelle grossesse trop prématurément, d'autant que mon lieu de travail compte plusieurs centaines d'employés et qu'une nouvelle de cet acabit se répand comme une traînée de poudre jusqu'au dernier commis du 3ième à qui vous n'avez même jamais adressé la parole.

Mais maintenant que tous mes amis Facebook ont eu vent de la nouvelle, par contre, j'ai des milliers de choses à dire! Je me dois de vous avertir, cependant: si vous ne voulez pas entendre parler de grossesse, de couple et d'enfants - ce que je comprends parfaitement - vous risquez de me trouver un peu gossante. Mais c'est un événement trop big pour que je m'empêche d'en décortiquer tout le merveilleux - et le ridicule, parfois.

Exemple de ridicule...
En 1,8 secondes, une Ferrari 248 F1 passe de 0 à 100 km/h.
Moi, je passe du calme plat plat plat à la crise de larmes IN-CON-TRÔ-LABLE.

Pas le style de crise dramatique, genre abîmes du désespoir, où plus rien ne me semble beau ni drôle. Au contraire: le genre de débâcle de larmes à laquelle se mêlent éclats de rires et gros câlins, parce qu'elle ne prend son origine nulle part, sinon dans le cocktail d'hormones qui me submerge. Hier, j'ai éclaté en sanglots après une pub de n'importe quoi.
Pas grave, ça m'a fait une bonne excuse pour me faire consoler. On ne saura simplement jamais de quoi...

16 juin 2010

Toujours de ce monde...

(Sifflements en trame sonore): la lalala lère, nenon, ça fait pas trois semaines que j'ai rien écrit...

Bon ok, ça fait trois semaines que j'ai rien écrit. Et le problème quand tu ne publies rien durant quelque temps et que t'as quand même quelques lecteurs assidus, c'est que ton message "de retour" a intérêt à en valoir salement la peine. La barre est haute, on est en droit de s'attendre à de savoureuses tranches de vie, depuis le temps. Tu reviendrais pas si t'avais rien à apporter au monde, hein Marie? Pas comme l'autre, là, Nathalie Simard, qui fait ses petits comebacks poches et qui a pas évolué plus qu'y faut depuis "reste ami, toi et moi, on fait un tandè-èm" dans ses petites chutes tropicales en plastique avec son dude TELLEMENT MINEUR...

Bref, c'est assez tranquille au niveau de l'anecdote de vie, en ce moment.

En fait non, je dis n'importe quoi. J'ai réussi à écrire des dizaines de posts sur des trucs complètement insignifiants, vous en êtes témoins. Peu d'action au quotidien ne veut pas forcément dire peu de matière à écriture.
Pour être honnête, une remise en question, un accès d'humilité weird et surtout une certaine paresse sont peut-être à l'origine de ce long silence...

Mais je reviens tranquillement, ne serait-ce que pour ma propre santé mentale.

27 mai 2010

Fièvre du shopping

Cette semaine, j’ai eu une journée de congé imprévue. Et qui dit congé, fonds monétaires disponibles ET pas de linge d’été à me mettre sur le dos dit forcément magasinage! Alors vous comprendrez que j’ai pas eu le choix : à contrecœur, j’ai pris mes responsabilités et je suis partie en escapade shopping.

Il faisait une température extrême : gros soleil, quarante-douze à l’ombre. Quoiqu’heureuse, j’étais également blanche et suintante, genre dumpling vapeur déambulant rue St-Denis.

L’entreprise fut un succès! J’ai trouvé plein de trucs d’été : des robes, des petits par-dessus et des sandales. Ce qui est vraiment bien quand t’achètes des gougounes en caoutchouc, c’est que la vendeuse essaie pas de te refiler sa gamme de polis protecteurs inutiles. N’a même pas fait mine de se lancer dans son petit pitch de vente habituel (ça a dû lui faire mal de refouler tout ça…) Et moi, je m’en suis sauvée sans avoir à deviser sur les vertus de l’huile de vison, qui dormirait dans le fond d’une armoire, de toute manière, entre de vieilles éponges et des petites assiettes de fête dépareillées. Car qui, mais vraiment QUI, prend le temps d’astiquer bottes et chaussures chaque semaine, religieusement? Hormis les deux ou trois accès de motivation annuels typiques, nourris par la culpabilité.

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Autre ennemi du plaisir de magasiner, souvent décrié: les cabines d’essayage.
Un miroir, c’est chien et c’est impitoyable. Y aurait pas moyen de mettre un éclairage un peu flatteur, que je garde un peu de dignité? D’ailleurs, c’est déjà pas facile quand le miroir est DANS la cabine; certaines boutiques vous le flanquent À L’EXTÉRIEUR, au vu et au su de tous. Dans ce temps-là, je passe carrément mon tour. Propriétaires inconscients, vous voilà bien punis.

C’est un non sens absolu : forcément, sur les 4 ou 5 morceaux à essayer, il y en a la moitié qui vous font une croupe démesurée ou pire, un camel toe. Et est-ce que j’ai envie d’offrir à tout le Plateau Mont-Royal une vue imprenable sur ce genre de faux pas vestimentaire? Attendez que je réfléchisse deux petites secondes…
NON.

Dans une autre boutique: pas de loquet sur la porte. Elle ne s’enclenchait même pas. Mais pas de danger, que je me suis dit, confiante, ils ont sûrement un code entre employés pour voir si la cabine est occupée, de l’extérieur. Bah, de toute façon, c’est quoi les chances que l’autre vendeur nonchalant rapplique et ouvre la porte pendant que je suis en sous-vêtements?

… Élevées, faut croire.

23 mai 2010

Virée mère-fille au parc Jarry

C’est vraiment magnifique, le parc Jarry : verdure, petit lac, grosse fontaine… Mon petit bout de campagne à moi.

Et à 250 promeneurs.

Parmi lesquels, ce délicieux garçonnet. Dix ans, bermudas, un fusil à l’eau dans chaque main. Son père, dans sa grande désinvolture parentale, le laisse – et même l’encourage à – arroser les petits canards et les pigeons qui ne font de mal à personne. Ha ha ha, c’est si drôle d’embêter les animaux.

« Tu es un garnement, mon grand! »

Ouais ben, ton grand, faudrait lui expliquer les bases, je crois. D’ailleurs, j’en fais mention à ma mère. Peut-être un peu fort. Mais c’est la faute de mes lunettes soleil : j’ai toujours l’impression que les verres fumés atténuent la lumière ET ma voix.

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Une gamine passe sur sa bicyclette mauve, avec panier Barbie et franges blanches au guidon. Ma mère me fait remarquer que les modèles gars (couleurs foncées, roues larges, déjà viriles) et fille (roues fines, roses, plein d’accessoires et de cossins pas si utiles – à l’image de la sacoche qu’elle trimbalera sans doute à l’âge adulte) sont passablement différents… On dirait que c’est déjà super important de définir clairement les différences entre les deux sexes. Pas de zones grises dès l’enfance, hein, sinon qu’est-ce que ce serait plus tard.

Ça me fait penser à la névrose collective autour des couleurs de pyjama et de chambres de bébés. Notamment le rose, ostracisé. Comme si un nourrisson de trois semaines allait être marqué à vie par la couleur de ses culottes. Come on, il sait même pas où est sa tête. Je doute que le port d’un malheureux gilet de couleur dite « de fille » ait de graves conséquences et jette les bases d’une sexualité fatalement déviante...


22 mai 2010

Petit deuil entre amis

Au temps des amours parfois tout croches et des relations pas trop viables, alors qu’on ne se connaît pas tellement, on rêve du jour où on va trouver LE bon. On se projette dans l’avenir : il sera beau mais surtout, je serai belle à ses côtés. Nous nous comprendrons sans rien dire. Ce sera un festival de séduction à l’année longue.

Un jour, une rencontre heureuse arrive : on a trouvé un homme merveilleux. Éventuellement (et heureusement), certains rêves complètement idylliques prennent le bord pour faire place aux vraies relations, d’humain à humain, forts, faibles et imparfaits. Mais on est engagé, pour le meilleur et le moins meilleur.

C’est beau, c’est le fun, c’est plate, c’est magique et c’est étrange. Une expérience ultime, nuages et sloche inclus. Et la sloche n’est pas forcément dans la relation, mais elle l’accompagne : avec l’amour et la stabilité viennent parfois des deuils.

Je me rends compte que je ne peux pas passer autant de temps à la maison avec Croustifondant et maintenir une vie sociale débordante. Alors que certaines de mes amies en sont exactement au même point que moi (famille, travail, style de vie plutôt casanier, soupers en petits comités), d’autres sont à l’opposé. Si bien qu’on ne se voit que très peu. Trop peu. Les dynamiques changent, la volonté de se voir s’affadit parfois, se meut en vœux pieux. Oui oui, je t’appelle. Heille, faudrait TELLEMENT qu’on aille prendre un café là!

Avec ces appels manqués et ces rendez-vous qui s’espacent peu à peu, vient une grande tristesse . Une tranche de ma vie semble foutre le camp.