31 mars 2010

Aujourd'hui, je fais le point.


Je me souviens d'un échange de courriels avec un ami, il y a quelques années, sur le thème "faire le point". J'avais dû écrire que je profitais de l'automne ou de mon temps libre pour mettre mes pensées et mes projets en ordre. Il m'avait répondu qu'il en faisait autant, mais que d'un autre côté c'était le cas à l'année longue, qu'il faisait - je cite - "sempiternellement le point". C'est à ce moment-là que j'en ai pris conscience: je faisais pareil.

Je fais encore pareil.

C'est absolument faux que je profite de certains moments - encore moins de certaines saisons - pour réfléchir: au contraire, je fais perpétuellement le point, tous les jours.
Sur ma vie en général - passée, présente et future -, ma vie professionnelle, mes amours, mes relations, sur un peu tout finalement. Il n'y a pas un seul dossier que je laisse traîner sur le bureau des semaines de temps sans l'ouvrir et faire quelques notes dans la marge (citation de ce crétin de Robbie dans Dirty Dancing - "Ouais, tu me le rapportes vite fait, j'ai fait quelques notes dans la marge... Fais gaffe Bébé, sois précise, fais bien ton boulot.").

Remarquez, ce n'est pas que j'approfondisse l'analyse sur toute chose chaque jour de l'année. Non. On ne peut pas avancer plus vite que la vie, de toute façon; les réflexions vont et viennent, mais ça n'implique pas forcément une prise de décision. Par contre, quand je me dis "Marie, mets ces réflexions-là de côté, concentre-toi sur autre chose pour l'instant", je suis bien consciente que 10 minutes plus tard, quand mon bon sens et mon détachement auront le dos tourné, je vais m'y remettre, l'air de ne pas y toucher.

Mon psy avait nommé ça autrement: selon lui, les gens comme moi ont à peu près tous les tiroirs de leur classeur ouverts en même temps, tout le temps. Ça signifie plus de confusion, parfois, mais aussi plus d'intensité. Je ne suis pas malheureuse pour autant. J'en avais parlé en ces termes-là à Croustimignon, un peu perplexe devant mes métaphores bureautiques.

Je me demande néanmoins qui est capable de fermer ses tiroirs de classeur pour n'en garder qu'un seul ouvert à la fois... Qui peut, sciemment, ranger ses interrogations, ses remises en questions, ses aspirations à long-terme, ses souvenirs, ses angoisses, dans des compartiments bien définis, les fermer à clé et ne les rouvrir qu'au moment opportun?

Il y en a, des gens comme ça. Il y a des jours où je vous envie un peu d'ailleurs... Ça doit être tellement propre dans votre tête.

30 mars 2010

Caution

Sur l'emballage du poulet qui niaise dans mon frigo, il est inscrit en toutes lettres, pour éviter toute ambiguïté: "peut contenir des reins".

Je ne saurais expliquer pourquoi, mais ça m'a fait mourir de rire. C'est peut-être l'image que j'ai, dans ma tête, d'un Lucien qui déballe son poulet et frôle la crise cardiaque en découvrant le petit sac de reins. Et qui appelle chez IGA pour se plaindre et réclamer qu'on le mentionne sur l'emballage, franchement, y a du monde fragile vous saurez, madame!!

29 mars 2010

Encore un bon conseil


- Dis-moi, Marie, tu sais cette robe noire que t'as décolorée par spots en nettoyant la baignoire, la semaine dernière?

- Oh je m'en souviens Marie! Et on avait remis ça avec le t-shirt... Oh là là, quel bon gag. Pourquoi, y a du nouveau?

- Ben je me disais que les taches ne paraîtraient plus si tu les coloriais au marqueur noir. Ni vu, ni connu!

- Ah oui, l'idée n'est pas sotte... Et tant qu'à faire, pourquoi ne pas procéder avec ma robe déjà sur le dos?

- Mieux encore: assure-toi de porter une brassière mauve pâle, pour être bien certaine de la tacher à travers, à l'encre indélébile.

-Oh là là, c'est trop fort, comme idée! Vendu!

27 mars 2010

Le gène Miss Météo



Dans la vie, je suis gâtée: j'ai, entre autres choses, une mère en or. Une petite maman couveuse, bienveillante, affectueuse. À l'adolescence et au Cégep, elle me réveillait doucement tous les jours de la semaine (huit fois plutôt qu'une), me faisait couler mon bain et me préparait mon petit café. Gâtée pourrite, je vous dis.

Chaque matin, elle y allait aussi d'une capsule météo. Il fait -8 degrés, mais ils annoncent -22 avec le facteur vent. Habille-toi chaudement, chouchoune.

"Gneké, ma maman"...que je lui répondais, d'en-dessous de ma douillette.

Pourquoi tant de rigueur à sonder et transmettre les prévisions météorologiques, jour après jour? Pour parer à toute éventuelle déconvenue thermique, bien sûr. Mais peut-être était-ce simplement une énième façon de prendre soin de son monde.
Je vous aime = je vous protège. Mettez votre tuque.

Éventuellement, sans trop m'en rendre compte, je me suis mise à faire la même chose avec Croustimignon. Tu sais qu'ils annoncent -7 demain, chaton?! (Réponse: "eh ben") Incroyable, quand même, il fait au-dessus de 6 depuis une semaine! Tu te rends compte?! T'es certain que c'est suffisant, un t-shirt sous ton petit manteau de printemps?

Non non, c'est toi qui décides, hein, je dis ça comme ça...

Adolescent, on pense souvent à tort - tellement à tort - qu'on n'a rien à voir avec ce que sont nos parents. Qu'à part une vague ressemblance (avec mon père) au niveau des mollets et un goût commun (avec ma mère) pour les culottes moulantes de Colin Firth dans Pride and prejudice, on se construit une identité quasi en parallèle. Je me rends compte en vieillissant que je ressemble énormément à mes deux parents. Et si ça me permet de prendre soin de mon monde, je ne suis pas mécontente, tout compte fait, d'avoir hérité du glorieux gène Miss Météo.


26 mars 2010

Avec tes gros sabots

Denis Lévesque, à TVA, ça fesse fort au niveau pertinence et finesse.
Oh oui. On l'aime-tu assez!

Ce matin, j'ouvre la télé et je tombe sur une entrevue avec Jacques Savoie, romancier. Il explique sa vision du concept de jugement dernier, que ce serait peut-être moins Dieu que notre propre cerveau qui s'en chargerait, en fin de compte.

Mon Denis dégaine sa rigueur journalistique: "justement, on a reçu un courriel d'un monsieur de Boisbriand, qui a rencontré des esprits. Et ils lui auraient confirmé votre théorie."

... (Soupir.)

René Homier-Roy, mais où êtes-vous?

25 mars 2010

Les différences hommes-femmes? Mais de quoi tu me parles!

J'ai une sœur aînée, pas de frère. Au primaire, je chillais exclusivement avec des amies filles. Je m'intéressais aux garçons, bien sûr, mais de très loin. Leur parler? Ben voyons, t'es folle! Ils vont croire que j'ai envie de les connaître. Non non, le risque est BEAUCOUP trop grand.

À part une brève incursion à l'occasion d'une joute de ballon chasseur, en 4ième année B - où j'ai été pognée pour faire la vache -, je n'ai vraiment commencé à explorer l'univers masculin que très tard. 16, 17 ans au moins. Je m'en étais donc fait une idée ma foi fort approximative à partir de bribes de conversations saisies au passage, de çà de là, et de témoignages recueillis d'amies plus au fait que moi.

Au secondaire, c'était pareil. Justement parce que je ne connaissais rien aux conceptions masculines, dans ma tête, hommes et femmes, ça pensait pareil. Comment ça, des différences? On n'est plus en 1950, yo!

Ha ha ha.

La preuve la plus éclatante de mon ignorance, je vous la livre ici: lors de mes premiers essais de relation, je me suis entendue dire - À HAUTE VOIX - "ouins non, je pense que ça marchera pas, on est trop différents. Tsé, il trippe même pas sur les comédies musicales!"

Ouh. On partait de loin, mes amis.

24 mars 2010

Le bon conseil

- Marie! Tu te souviens, la semaine passée, t'as scrubé ta baignoire avec du javellisant et ça a décoloré le haut de ta jolie robe noire?

- Si je m'en souviens! Quelle anecdote savoureuse, Marie, on a tellement rigolé!

- Hi hi hi!

- C'était assez futé, comme plan! Mais pourquoi tu me parles de ça aujourd'hui?

- Ben parce que je me disais "tiens, on pourrait remettre ça cet après-midi et endommager ton t-shirt noir"?!

- Ooooh la bonne idée! Je vois pas pourquoi j'apprendrais de mes erreurs, après tout. Attends, je vais le chercher!!

23 mars 2010

Murs de papier mâché

Par quel phénomène est-ce devenu acceptable - ou même envisageable - de faire jouer 15 fois de suite la même toune de Red Hot Chili Peppers dans le tapis, à minuit moins quart...?

Oh, mais je l'ignore!

On pourrait peut-être demander à ma voisine, tiens.

Ça suffit, j'ai dit

Cher TLC Channel*,

En général, je passe trop de temps à te regarder. En particulier What not to wear et A baby story. Je te jure, je peux facilement y passer des après-midi entiers, à m'exclamer et même pleurer à chaudes larmes devant l'émouvant destin d'autrui.

On se mentira pas: je suis fan.

C'est donc en toute bienveillance que je te demande, TLC, d'arrêter un peu avec les télé-réalités sur les nains. Familles de nains, couples de nains, nains chocolatiers... c'est beau, là, je pense qu'on a fait le tour. C'est pas des bêtes de cirque, non plus.

Ta toute dévouée,

Marie

* Pour ceux qui n'ont pas le câble, TLC est l'équivalent (et prédécesseur) américain de Canal Vie

22 mars 2010

Un peu de classement

À l'époque où je fréquentais le Cégep, une période de ma vie où je me nuançais vraiment beaucoup (tousse, tousse), j'avais mis au point un système de classement complètement arbitraire selon lequel je divisais les gens en type chat et type chien - système probablement inspiré par le type sauce/type poulet des pubs de St-Hubert. Pourquoi ce besoin de classifier? J'imagine que le monde entier devenait moins effrayant une fois divisé en sous-catégories...

D'un côté, il y a donc le type chien: enthousiaste, généralement heureux, souvent sportif et optimiste. De nature très sociable, le type chien critique peu et apprécie beaucoup. Il pardonne aisément la stupidité. À l'origine, dans mon esprit de cégepienne, Odie incarnait l'archétype parfait du type chien et Garfield, celui du type chat. Mais à l'échelle humaine, le premier type n'est pas forcément stupide et le second, pas forcément acide. Attends, je me nuance quand même un peu.

À l'autre bout du spectre, il y a le type chat. Être solitaire, critique et souvent pince-sans-rire, il préfère la réserve aux grands épanchements. Sa devise: on se garde une p'tite gêne. L'enthousiasme, c'est épuisant à la fin.

Est-il besoin de le mentionner, je m'incluais volontiers dans la deuxième catégorie. À l'époque, le type chien avait même quelque chose d'un peu péjoratif (oui bon, fin d'adolescence... manifestations de joie, ouache). Aujourd'hui, je suis juste très contente que le monde se compose d'une variété de personnalités (je tends vers le type chien, là, on note).

Ah le Cégep... Certains étudiants fumaient sans arrêt leur petit joint, d'autres ne mettaient simplement jamais les pieds en classe. Moi, par contre, j'assistais à la majorité de mes cours. Mais derrière mon regard attentif et sous des allures d'étudiante sérieuse, je n'écoutais pas tant que ça. Non, j'analysais chacun de mes professeurs et je les classais en type chien et type chat.

21 mars 2010

Mot inconfortable du jour: sus

Comme dans "taxes en sus".
En fait, c'est pas que le mot soit si moche, non. Le coeur du problème, c'est surtout comment le prononcer en public: "su" ou "susse"?
Il me semble qu'il y a toujours une Germaine tapie dans l'ombre, prête à intervenir, agacée, d'un "me semble que ça se prononce pas de même".

D'où ma préférence pour le classique "plus taxes". Problème réglé.

20 mars 2010

Mystère un peu résolu?

Bon, ma mère me glisse à l'oreille qu'en fait, le bouton perm press n'a rien de mystérieux, que c'est une fonction bien utile quand on a des draps et des chemises (?)...

On est bien d'accord: une laveuse, ça fonctionne avec de l'eau et un mouvement rotatif. Comment peut-on créer autant de fonctions autour d'un principe si élémentaire?

Non, je regrette, je ne vois pas.
Mais merci, ma maman.

Bon appétit

Au restaurant japonais, en famille.

Maman verse ce qui reste du carafon de saké dans le verre de ma sœur, je fais "oooh, t'as la goutte de l'amour", comme pour le vin. Ma sœur porte à mon attention que puisqu'on parle ici d'un liquide blanchâtre et laiteux, l'image est intéressante...

Ah ouais, je l'avais pas vu sous cet angle.

À quoi ça sert? ...

  • ... de payer le prix fort pour une coupe de cheveux dans un salon trendy du boulevard St-Laurent? En particulier si c'est pour en sortir vaguement déprimée, complexée par toutes ces coiffeuses divines à crinière soyeuse et corps de béton, sapées chez Soho. La coquetterie qu'on entendait satisfaire nous sacre un coup de pelle dans le front, finalement. Pour la modique somme de 65$ avant pourboire.

  • À quoi ça sert, cette mystérieuse fonction perm press sur les laveuses? Mais qui, QUI sont les trois initiés qui l'utilisent? Je veux des noms.

  • À quoi ça sert de se lever à l'aube pour faire tremper ses haricots secs biologiques pendant toute une journée, puis d'en superviser les deux heures de cuisson, écumoire à la main, si c'est pour périr asphyxié par l'insoutenable odeur de flatulence qui s'incruste dans tout l'appart pour des semaines?? Sans même avoir pu manger ces saloperies de haricots, en plus, parce qu'ils ont juste bêtement trop cuit dans leur jus et que la petite peau est toute partie (avec le goût). C'est là que les petits agents chimiques de la boîte de conserve à 1,19$ semblent un compromis plutôt sympa, en fin de compte.

À suivre, hein, j'ai pas fini...

19 mars 2010

Dialogue avec ma petite voix gossante

Chez Simons...

Moi - Mmmm le joli petit gilet!

Ma petite voix gossante - Teu teu Marie, en as-tu vraiment besoin?

Moi - Ben c'est-à-dire que le concept de besoin est assez relatif. J'ai environ 4 ou 5 chandails présentables et qui me font bien. Il me semble qu'un de plus, ce serait pas du luxe.

MPVG - Y a des enfants du tiers-monde qui vivent avec une paire de bermudas et 2 t-shirts, je te signale.

Moi - Mais je suis pas au tiers-monde, je travaille avec le public, je sors, c'est pas si dramatique d'avoir une petite garde-robe fournie et fonctionnelle, non? Si on veut vraiment se lancer dans la philosophie, ces enfants-là mangent aussi beaucoup de riz et de légumineuses parce que c'est pas cher, et je vais pas bouffer que des pois chiches par solidarité non plus. On parle d'un chandail à 35$, ici.

MPVG - Justement, un 35$ que tu pourrais investir dans tes REER, jeune fille.

Moi - Je pourrais aussi... c'est quoi donc le mot.... VIVRE!! Profiter de la vie un peu, me gâter, ché pas!!

MPVG - D'accord, d'accord. Achètes-le ton gilet. Mais sens-toi coupable.

Moi - Pff. Rabat-joie.

MPVG - Bourgeoise.

18 mars 2010

Bible du commentaire sportif

Un soir, pendant les olympiques, je me suis tapé le programme court masculin de patinage artistique. Tout ça flanquée de deux hommes au torse velu, amateurs de hockey et clairement plus au courant de la question sportive que moi.

Faut savoir que je suis souvent un peu/pas renseignée au rayon sports. Parfois, j'endosse le rôle, carrément. On va se dire les vraies z'affaires: ça m'amuse beaucoup plus de commenter les couleurs hideuses du casque du gardien de buts que d'analyser le jeu en soi. Même si Hamrlik se surpasse avec des moves de demi-dieu, j'ai déjà perdu la rondelle des yeux, de toute façon. (Sans blague, j'arrive juste pas à la suivre, celle-là. Quand les Canadiens comptent un but, je le réalise toujours deux bonnes secondes après tout le monde, au son qu'émettent mes contemporains mâles, fous de joie dans mon salon. Comment ça, un but? Mais j'ai rien vu du tout!!)

Tout ça pour dire que je préfère - et de loin - me pencher sur la question de l'élégance chez nos sportifs professionnels. Ou du manque de, c'est selon. Mention d'honneur à cette charmante habitude qu'ont nos joueurs de hockey de cracher des rivières de Gatorade par terre. À plus petite échelle, même, le bon vieux crachat m'écœure tout autant. On me dira - avec raison - que je n'ai qu'à aller aux Grands Ballets Canadiens dans ce cas. Mais oui, mais je vis dans un pays où le hockey passe avant la politique. If you can't beat them, join them, nous apprend le dicton. Alors aussi bien me trouver mon petit champ d'expertise perso et regarder le hockey de temps à autres. Et le rôle d'observatrice qui questionne l'hygiène me convient parfaitement.

Je disais donc qu'on regardait le patinage artistique, les hommes et moi. Comme c'est une discipline qui intéresse généralement davantage les filles, dans un accès de candeur, j'ai aspiré deux petites minutes à accoter mes camarades masculins en matière de sport, pour une fois. Je me suis dit tiens, c'est peut-être ce soir que je vais apprendre une chose ou deux à Croustimignon. Après tout, n'ai-je pas vu et revu sur VHS la chorégraphie des Duchesnay aux Olympiques de 92? Ce qui fait pratiquement de moi une experte, ni plus ni moins.

Le boutte du boutte, ç'aurait été qu'Alain Goldberg vienne me squatter le corps - comme Patrick Swayze dedans Whoopi - et me souffle un paquet de commentaires avisés sur les triples saltos et compagnie.

Bon, je me suis vite rendu compte que non seulement Alain resterait à Vancouver ce soir-là, mais qu'en plus je ne m'y connaissais finalement pas davantage en patin qu'en hockey. Nous avons passé une délicieuse soirée, néanmoins. À commenter la surabondance de paillettes et le rebondi des popotins. Je sais, je reviens encore à la question de l'élégance et du bon goût, finalement, mais on a besoin de ça aussi, dans le monde du sport, vous saurez.

17 mars 2010

C'est le printemps, CQFD.

Des preuves? D'abord, il fait 13 énormes degrés dehors et toute la neige a fondu, mais ce sont des évidences que le dernier des pas futés aurait relevées, bien sûr. Quand je dis que c'est le printemps, je me base sur des expériences concrètes, attention.

En partant pour le boulot ce matin, après m'être rasé une jambe sur deux (mettons ça sur le compte de la fébrilité), j'ai emporté plein de yogourt dans un tupperware. À moitié ouvert. En marchant, je sentais sur ma cuisse droite l'humidité fraîche du yogourt qui se répandait partout dans ma sacoche, dont le cuir s'imbibait peu à peu. La sacoche en question sentira le vomi de bébé pendant des jours, bien entendu. Mais voilà: c'est le printemps, alors on s'en fout. Il fait soleil, c'est juste un peu de yogourt. (Pas de quoi s'esclaffer, cela dit. Se référer à "J'adore la pub (2)"). L'humeur est parfois un excellent baromètre.

Le métal de ma boîte aux lettres était tiède/chaud quand je suis rentrée du travail tantôt, mon kilo de bok choys sous le bras. Printemps.

Sans compter toutes ces vapeurs de testostérone dans l'air, typiques du dégel.
Mmm, dé la sédouksion.... C'est pas désagréable, je trouve. Surtout qu'en hiver, j'ai toujours la vague impression d'être un meuble, une entité asexuée. Sur la rue en général et dans mon milieu de travail en particulier, où on compte un ratio 33 femmes pour un homme (dont 50% sont gais).

Et puis c'est tellement le printemps que je sortirais mon vélo aujourd'hui même, si j'en possédais un. C'est pas une preuve, ça? Et puis je projette l'achat d'une jupette de tennis, au cas où ça se mettrait à m'intéresser, sait-on jamais. C'est du sport printanier, tout ça!!

Le printemps, c'est aussi l'occasion d'une petite jachère sur mes lectures sérieuses d'hiver (Cioran et son Précis de décomposition, Les Misérables en deux tomes, Hermann Hesse, Sartre, etc.) pour me tourner vers des ouvrages plus légers.
Non, je plaisante. J'en n'ai jamais rien eu à foutre de Cioran, honnêtement. Mais ça a du panache d'évoquer ses lectures d'hiver et d'été, je trouve. Comme d'avoir un îlot dans sa cuisine. C'est dans le chemin et c'est pas toujours si pratique, mais ça sonne terriblement chic de parler de son îlot.
(Hé ho, j'ai le droit d'être frivole, on est en mars.)

Bon et puis si tout ça ne vous suffit pas, il y a sûrement une marmotte quelque part qui a vu son ombre début février. Mais bien franchement, ça m'insulte un peu qu'on m'accorde moins de crédibilité qu'à un stupide rongeur.

Bon printemps tout le monde!

Va falloir que ça sorte

J'aime bien Foglia. Bien beaucoup, même.
Je ne partage pas forcément ses opinions, remarquez. Au contraire, l'envie me prend, bien souvent, de lui envoyer un solide courriel de contre-arguments. Le bousculer un peu, ébranler son assurance tellement désinvolte (on peut toujours rêver...). Mais comme il se tape déjà 20 000 lettres par jour de toutes les Giselle et tous les Robert indignés du Québec, je passe mon tour.

Bref, presqu'à chaque chronique de Foglia, j'ai envie de l'obstiner. Et je l'aime bien justement pour ça: parce qu'il exprime très ouvertement des opinions que je trouve intelligentes (qu'on les partage ou non), et qu'il se censure très peu. Assez peu, par exemple, pour se mettre la ligue des amateurs de curling à dos, parce qu'il aura osé dire que franchement, le curling, si ça se joue enceinte de six mois, c'est peut-être pas un sport olympique. Tellement vrai.

Bien sûr, la liberté d'expression ne doit pas servir de prétexte à des discours haineux, je pense qu'on s'entend là-dessus. Faut rester dans les limites du bon sens, quand même. Limites que les Jeff Fillion de ce monde ont largement outrepassées avec leur connerie magistrale. Dans ma tête, je pitche encore des roches aux inconscients qui sont allé manifester pour lui sauver la mise, à ce crétin...

J'ai créé ce blog pour m'exercer à écrire tous les jours, d'une part, et aussi pour apprendre à me délester de la censure inutile. Oser un peu, quitter le bord de la patinoire, lâcher mes petits flotteurs oranges. À l'occasion, dire ce qu'on n'est pas censé dire.

Mon amie Léa, qui a aussi son blog depuis peu, m'écrivait justement là-dessus. Faut pas qu'on se censure, hein Marie. Bien sûr que non! Sinon, à quoi ça sert, un blog?! Allez, sky is the limit! Tra la lère.

Mais c'est vraiment, VRAIMENT pas si facile. Et j'avoue qu'avant de me lancer, je n'avais pas trop sondé l'ampleur du défi. Il y a tant de choses, tant de choses que je n'ose pas publier pour ne pas choquer mes trois lecteurs - tous de ma famille ou de mes amis, évidemment, que je reverrai dans un futur pas si lointain et devant qui je devrai soutenir mes propos.

Bon ben tant pis. Va falloir que ça sorte.

16 mars 2010

Richard

À une époque, j'étudiais en arts plastiques au Cégep du Vieux Montréal. C'était avant de me rendre compte que d'étudier en arts ne mène pas très loin si vous n'êtes pas prêt à vous développer une démarche à vous et à sortir de vos petites limites pépères de fille qui ne veut surtout pas désobéir.

Un certain Richard - Richard Quelque chose, si je ne m'abuse - nous enseignait les techniques de dessin d'observation. Nous devions faire notre autoportrait à la mine, assis face à un miroir avec la feuille scotchée à la table. J'avais du mal à sortir du cadre, en général, mais pour retranscrire une image fidèlement,j'étais très douée. Et à mesure que mon dessin progressait, je me trouvais franchement fort potable, genre excellente. Bravo Marie, vraiment. Jusqu'à ce que j'aie terminé et que je décolle la feuille de la table...

Shit.

Le fait de dessiner à plat au lieu de mettre le papier en angle, relevé vers moi, me donnait des traits manifestement trop allongés. J'avais la même face, mais méga-longue!!
Bien sûr, mon cours commençait dans 16 secondes - pourquoi s'y prendre à l'avance quand la procrastination est une source de stress si stimulante - donc impensable de recommencer. En plus, dans ces cours-là il fallait afficher notre petit chef-d'œuvre devant la classe, pour discussion et séance de commentaires.
Alors sur le babillard, il y a eu face de Jean-Philippe, face d'Annabelle, face de Caroline et fâââce de Mââârie. La honte corrodait ma petite fierté de fille qui dessine bien d'habitude.

En remettant mon dessin (du bout du bout des doigts) à M. Richard Chose, le regard fuyant (ouais parce que je prenais ça très au sérieux, vous l'aurez remarqué... Moi, à 17 ans, j'avais plein de recul face à mes "problèmes"...), je me souviens avoir tenté une excuse à demi-voix. Une excuse pour un dessin un peu raté, certes, mais sur lequel j'avais travaillé des heures et donné mon maximum. Pour quoi faire, s'excuser?! Ben justement, M. Chose m'avait répondu "arrête, aie donc un peu d'orgueil face à ton talent, Marie!". Et peut-être aussi un petit paragraphe sur le fait qu'il y avait assez des autres pour critiquer, sans que je m'y mette moi même en plus. Ou je l'ai peut-être cousu à mon souvenir, après coup, je sais plus.

Ce serait un mensonge éhonté de prétendre qu'à partir de ce jour, j'ai cessé de me dénigrer. Quand même pas. Mais l'idée a fait son chemin et ce professeur-là ne sait probablement pas comme son commentaire m'a fait du bien (ni qui je suis). J'ai oublié plusieurs enseignants - du Vieux Montréal et d'ailleurs -, j'ai oublié la plupart de mes improbables sculptures de glaise recyclée et de plâtre humide, j'ai aussi oublié - mais ça me revient - les infâmes muffins aux fausses framboises de la cafétéria, mais je me souviens de sa bienveillance et de cette très courte leçon d'orgueil.

14 mars 2010

Photoshop, ce traître.

Essaie pas, Penelope Cruz. Tu portais des prothèses de fesses dans un film d’Almodovar, l’autre fois. Quoique c'était peut-être ton personnage... Enfin passons, là n’est pas la question jeune fille.
Projet de loi : nous, femmes, devrions avoir accès à des photos non-retouchées de toutes les déesses proclamées d’Hollywood, sans maquillage et en bikini beige matante. Comme ça, les jours de déprime cellulite, on aurait des références à peu près justes, voyez.
Allez, Scarlette, enlève-moi tout ça! Je suis certaine qu’au fond, t’es une mocheté sans nom sous tes vêtements.

J'adore la pub (4)

Et y a qu’à la télé que c’est bien vu d’offrir une vadrouille Swiffer à une chume de fille pour son shower de bébé.
On dirait que moi, ça me pèterait ma balloune…

13 mars 2010

J'adore la pub (3)

Y a qu’à la télé que c’est un soulagement de voir un singe surgir du garde-manger en vous tendant une cochonnerie hypersucrée pour calmer l’appétit de votre fils.

Enfin, une solution trop calorique à faible valeur nutritive pour vos enfants!! Ça manquait sur le marché alimentaire nord-américain, bien sûr.

12 mars 2010

J'adore la pub (2)

Y a qu’à la télé que vous vous sentez à ce point Yoptimal qu’une goutte de yogourt échappée sur votre gilet vous fait hurler de rire.
Non mais, y a quand même des limites aux bienfaits de la régularité.

J'adore la pub (1)

Un voisin de palier vaguement stalker assez paternaliste pour vous observer rater vos spaghettis, par-dessus son journal, ET vous imposer sa marque de pâtes en vous les déposant incognito sur le paillasson, y a vraiment qu'à la télé que c'est séduisant.
Et ça se décoche des œillades langoureuses, avec ça!!

Non mais je rêve.

Mot inconfortable du jour : gibecière

Oh ça c'est un costaud!!

(Définition, si vous y tenez vraiment: sac à gibier à bretelles ou à poignées.)

11 mars 2010

Un peu sensible (1)

Tantôt, à la caisse de l'épicerie.

À mesure que la gentille petite chick sous-payée scannait nos articles, Croustimignon et moi les emballions dans nos sacs de toile. En plaçant un sac à moitié vide dans le charriot, j'ai eu une pensée solidaire pour les naufragés du Titanic abandonnés, laissés sans ressources alors que des canots à peine remplis à la moitié de leur capacité s'éloignaient du navire. Oh que je me suis sentie cheap.
Allez hop, paquet de côtelettes, dans le sac. Tu ne seras pas le Jack Dawson qui crèvera sous ma gouverne aujourd'hui, c'est trop pour mes pauvres nerfs.

(Tu ne serais pas un peu sensible, Marie? Oh oui, ça se peut.)

10 mars 2010

Mot inconfortable du jour : regimber

Ouff non.

Se dit d’un animal qui résiste en se cabrant et, par extension, d’une personne récalcitrante.

Bon moi, je mets carte sur table: je refuse tout net de regimber, c’est trop pas joli. Quitte à récalciner, tiens.

09 mars 2010

De la solidarité

Il y a des tasses à café sales qui traînent sur le comptoir, parfois. Bon enfin, la plupart du temps. Un beau soir, au moment d’en nettoyer une, j’ai eu une petite pensée pour le clan de bactéries installées sur le bord de la tasse en question. Peut-être que pour elles, la croûte de café séchée au fond est une sorte de réserve naturelle à caractère patrimonial, qu'elles visitent en famille. Comme des touristes rougeauds au Grand Canyon, qui scrutent l’horizon en évoquant les beaux jours, le regard embué de nostalgie.

Papa bactérie (casquette à visière et bermudas remontés sous les seins) à fiston bactérie: « Ça, Pit, c’est les vestiges d’un océan desséché. J’allais nager là avec ta mère, avant ta naissance. Pis on s’en donnait à cœur joie, je t’en passe un papier!! (Rire gras) Mine de rien, ta mère pas de bikini c’était quelque cho… »

SHPLOUSH!!!

Shploush, c’est eux qui meurent noyés dans l’eau savonneuse de mon évier. Je le sais, j’ai pas de cœur. Mais je me réjouis d’avoir sauvé un adolescent bactérie de la conversation père-fils la plus inconfortable de toute sa vie.

07 mars 2010

Go, puritains, go!!

Lu cette semaine sur Cyberpresse

Au New Jersey, une dame et ses deux filles ont confectionné une Vénus de Milo en neige devant chez elles.

Chocking!

Devant cet affront à la décence, un voisin s’est plaint à la Police, qui a ordonné à la dame de couvrir cette impudique sculpture. Ce qu’elle fit.

Voisin, je te dis bravo.
J’en profite pour lancer le débat : est-il bien convenable de permettre la libre circulation de popsicles NUS?? Personnellement, j’y vois un symbole phallique des plus scandaleux….

06 mars 2010

Mot inconfortable du jour : Tapuscrit

Bâtard issu de l’union entre « tapé » et « manuscrit ». Un texte dactylographié, en somme. Et on a eu l’inconscience d’appeler ça un tapuscrit, alors que ça sonne clairement comme un manuscrit trapu!

M'font mourir.

05 mars 2010

Ma grande docilité

Tout au long de mes études primaires et secondaires, les professeurs de français nous répétaient sans cesse d’éviter les verbes « avoir », « être » et « faire » en composition écrite, nous enjoignant de trouver plus original. Ce que je considère tout à fait justifié, bien sûr.

Aujourd'hui, à chaque fois qu’un «j’étais » se glisse dans un de mes textes - fut-ce un courriel, fut-ce une note à Croustimignon laissée sur la table de la cuisine -, j’emploie toutes mes énergies à trouver un synonyme. C’est tellement plus joli, et puis ça prouve qu’on n’a pas bâclé. Mais surtout, j'ai l'arrière-feeling satisfaisant que Mme Dobja m'accorde son approbation (ce qui vous autorise à me traiter de lèche-bottes, bien entendu).

Notez que le Croustimignon en question n’a jamais eu la prévenance d'apposer de collant doux ou d'étoile dorée sur mes petites notes, hein, malgré tous mes efforts!
On se demande où s'en va la pédagogie.

04 mars 2010

Mot inconfortable du jour : Juche

Du verbe jucher ou se jucher.
Remarquez, c’est seulement meuche à la première personne du singulier de l’indicatif présent : je juche. Ça se prononce tellement mal!

Répétez-le trois fois et voyez comme on se sent crétin.
Je juche, je juche, je juche.

03 mars 2010

Trop d’information

Quand je mange une tomate et que j’ai le malheur d’en apercevoir la face interne, c’est trop tard : j’ai l’impression de bouffer des gencives.

Les petits amis dans ma tête (1)

Amie du jour : Culpabilité.

Une habituée, celle-là. Comme les deux trois têteux de liqueurs au delicatessen du coin, qui s’incrustent à la semaine longue sans que leur présence ne soit vraiment pertinente.

Culpabilité, donc, traîne toujours dans le coin. Se manifeste – et pas toujours subtilement d’ailleurs - dès que je ne fais pas de sport (c’est-à-dire à cœur de jour) ou dès que j’avale la moitié du pot de Nutella ou pire, de vilaines nitrites (l’occasion rêvée de ramener sa cousine Hypocondrie – d’ailleurs tu parles d’un prénom bâtard).

Culpabilité est toujours prête à ajouter son petit commentaire dès que je dévoile « trop » de vulnérabilité devant Croustimignon. Après ça, il va aller s’imaginer que je ne suis pas un androïde invincible au cœur de béton – ça va pas, la tête.

Ou dès que je balance un pot de beurre d’arachide vide à la poubelle au lieu de le recycler. (J’en conviens, c’est très mal. Mais là, j’ai un argument : les parois sont toutes gommées, ça prend trois siècles et des litres d’eau chaude pour le rendre présentable. En plus, l’éponge est fichue après, vous n’allez pas soutenir que c’est un geste écologique, quand même?)

Elle vient faire son tour aussi quand je me gave de TLC Channel tout l’après-midi. Plus particulièrement quand je me tape plusieurs épisodes de What not to wear d’affilée. Non seulement c’est du temps que je ne consacre pas à bûcher dur à l’avancement de ma carrière ou à sauver les enfants des bidonvilles, mais en plus c’est un concept basé sur des principes bassement matérialistes. Et là, Coquetterie débarque et toutes les deux mourons d’envie de remplacer tous mes vêtements, mais c’est une autre histoire, que vous suivrez au post sur mon amie Coquetterie. (Faut savoir créer l’attente chez l’usager. Pas sotte, hein, quand même.)

Bref, elle ne laisse pas beaucoup de place, Culpabilité. C’est le Tanguy de mes petits amis dans ma tête. Heureusement, parfois y a Confiance en Soi qui débarque et qui, d’une bonne baffe bien sentie, l’envoie d’autorité choir dans les bosquets.

La moustache molle ne rachète rien, au contraire.


Une fois, il y avait un petit ado qui vendait du chocolat sur la rue. Pour financer du parascolaire, j'imagine. Je lui ai fait un super deal: je te donne les sous, mais tu gardes le chocolat (qui goûte la cire et alimente inutilement mon petit diabète latent). En clair, il avait tout le loisir d’empocher l’argent tranquillement ou de manger son chocolat gratos. Gagnant sur toute la ligne!


Non, il était super frustré.


Comment tu peux t’offusquer qu’une pure inconnue te fasse don de trois dollars? C’est tout le mystère de beaucoup de gens de 14 ans. Je le sais, j’en étais. Et pas des plus pétillantes.


Bref, je lui tends les sous, il me fait « gnsi ».

- Pardon, j’ai pas compris?

- (Soupir) Merci.


Euh la politesse, jeune homme. À cet instant-là, à même pas 26 ans, j’ai chuté du grade de fille cool qui te file de l’argent en échange de rien au statut de matante moralisatrice ultime qui s’insurge contre les petits mal élevés.


Depuis, dans mes rêves, je lui reprends ma fortune, à ce charmant trésor, et je vais m’acheter des graines de lin avec.

Ah mais, Matante a sa fierté.