04 mai 2010

Petite étude anthropologique du vendredi soir

Vendredi dernier, Crousti et moi avons ajouté une activité de couple à notre emballant répertoire: nous avons baby-sitté. Pour la toute première fois ensemble, que j'ajouterais-je.

Je vous laisse imaginer ce que ça pouvait représenter dans mon esprit de fille: une expérience inespérée et hautement nourrissante - à la limite de l’étude anthropologique - de laquelle non seulement nous sortirions grandis, mais qui jetterait les bases de notre éventuelle dynamique parentale. Dans son esprit à lui, ça représentait surtout un service rendu à de bons amis et le sacrifice d'une soirée de hockey entre potes à la brasserie. Sacrifice, c'est bien le mot. Parce que moi, dans ma grande insensibilité à la chose sportive, je croyais naïvement que la première partie des quarts de finale était de loin la moins captivante, et que l'intérêt allait croissant à mesure qu'on approchait l'élimination potentielle.(C'est comme ça pour moi, en tout cas: à mesure que les séries avancent, mon intérêt passe de nul à très faible). Au contraire, selon Croustifondant, la première game figure parmi les plus enlevantes. Allez y comprendre quelque chose.

Nous avons donc accepté de garder le bambin d'un couple d'amis - et quand je dis bambin, je veux dire bébé merveilleux, objet de mon idolâtrie. Bon, est-il besoin de le dire, durant la soirée je me suis inquiétée de tout: a-t-il trop mangé ou pas assez? (Peut-on se fier au bébé pour nous signifier qu'il n’a plus faim ou c'est comme les poissons rouges, qui bouffent tant que tu leur en donnes? Et là bonjour flaque de vomi dans le lit, et on sait combien je peux être à l’aise avec le vomi, fut-il issu d'une bouche mignonne comme tout.) A-t-il suffisamment chaud sous ses vingt-deux couvertures? Dort-il ou a-t-il simplement cessé de respirer? Et si j’avais mal étalé cette crème pour les fesses et qu’il avait des croûtes de pâte blanche toute chessée au prochain changement de couche? Que vont penser ses parents de mes méthodes… « C’est comme ça que t’administres les fesses de notre fils?? » Et puis déjà, c’était lequel des deux tubes de pommade qu’elle m’avait dit de prendre? Et si je lui avais étalé un truc complètement inapproprié sur le derrière? (Ça ferait un super souvenir à évoquer quand il aura 15 ans, tiens : « bien sûr que je me rappelle de toi, t’étais haut comme trois pommes et je t’avais étalé un truc complètement inapproprié sur le derrière! Ce qui suppose que j’ai non seulement vu tes fesses, c’est exact, mais aussi tes crottes, eh oui! Si je m'en souviens... »)

Pendant que mon hamster-inquiétude spinait dans sa roue et que j’envisageais déjà des solutions à des problèmes qui ne se posaient pas, Croustimoelleux câlinait le chat en souvenir du bon vieux temps et regardait les Canadiens se faire démolir, beaucoup plus inquiet de l’issue du match que de l’arrêt cardio-respiratoire TRÈS PROBABLE du bébé dont nous avions la garde.

À la fin de la soirée, j’étais peut-être un peu tendue, mais le bébé était sain et sauf (qui l’eut cru). Évidemment, les parents ont un peu rit de moi à leur retour. Ouais parce que c’est bien beau de se faire du souci, mais il paraît qu'on botche un peu plus après quelques mois de vie parentale. Paraît qu’il faut lâcher prise et dormir quand même. Quelle idée saugrenue.

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