16 mai 2010

Au pays du bon pin frais

Samedi dernier, Croustimignon et moi on s'est tapé le périple annuel chez Ikea. La Mecque des jeunes ménages de classe moyenne et l'endroit idéal pour se créer des besoins.

Sitôt entré, Crousti annonce qu'il va bientôt pogner les nerfs. Je le comprends: c'est bondé, les gens parlent fort et barrent le chemin, les bambins remuent et pleurnichent déjà dans leur caddy. Tu vas trouver le temps long, Junior, on n'est même pas rendus aux accessoires de cuisine.

Mais moi je suis bien calme, droguée à l'endorphine, déjà trop heureuse d'être au paradis Ikea. Attends, mais Ikea, c'est le temple du rangement. De petites, moyennes et grosses boîtes, en plastique, carton, tissu, où dissimuler tout ce qui traîne dans la maison. La victoire projetée d'un équilibre complètement illusoire - auquel j'aspire néanmoins chaque jour - sur l'indomptable chaos ambiant. C'est en masse pour satisfaire sa femme.

Section des meubles de salon.
Le choix est limité: il faut dire que la majorité des meubles télé sont soit bien au-delà de notre budget (a-t-on idée de payer 550$ pour une shit en contreplaqué?!), soit tendance années 90 (j'y mets le holà: c'est hors de question). La mince sélection restante est sujette au débat, qui porte surtout sur les poignées: mon choix a six tiroirs et de petits boutons de bois, style classique. Le choix de Crousti a deux gros tiroirs avec un genre de creux plaqué de métal en guise de poignée, style Les idées de ma maison 1992. Et déjà, il ne comprend pas pourquoi on a besoin de tiroirs. C'est là qu'on sent qu'il est immunisé contre le chaos. Non mais, quelle question! Il y a MILLE bébelles qui traînent - fils, manettes, etc. - qu'on ne sait jamais où fourrer et qui rajoutent chaque jour une couche d'exaspération sur ma petite névrose de Martha Stewart. Évidemment qu'on a besoin de tiroirs!

En fin de compte, personne n'a gagné le débat du bon goût. Nous nous sommes rabattus sur un entre-deux acceptable. Ce qui me frappe de plein fouet, c'est qu'entre Crousti et moi, ce sera toujours un combat entre son idée du bon goût et la mienne, alors que je croyais qu'on se rejoignait sur la question. J'étais estomaquée qu'il préfère les poignées de métal, bien franchement. Comme quand mon ex m'avait annoncé ses couleurs politiques, tout fier. Monsieur voterait pour Harper s'il avait le droit de vote. Euh, QUOI??

Ce qui me plaît à mort chez Ikea, c'est que ça sent le bois mou. L'odeur de pin non traité, j'adore ça, même si ça ne vaut rien. Ça me donne l'impression qu'en Suède, c'est ça que ça sent. Ce qui est un peu n'importe quoi; mon petit duo-tang à 85 cennes made in China et son odeur d'encre cheap, par exemple, n'ont jamais rien évoqué de chinois dans mon esprit. (Cela dit, je me demande quelle odeur peut bien avoir le Canada, pour des étrangers? Une odeur de sapin, sans doute. Et de police montée. Et de crotte de cheval. J'ai toujours trouvé que j'étais née dans le pays le moins sexy du monde. Et maintenant qu'il est dirigé par un machin de droite, rigide et peigné sur le côté, et quoiqu'en pense mon ex, les choses n'iront pas en s'améliorant...)

Finalement, nous avons trouvé nos 3-4 meubles. Mieux encore: je n'ai pas cédé à mes envies compulsives de ramasser des milliers de cossins dont je n'ai pas besoin, preuve d'une certaine volonté (et/ou d'un manque de budget). Il y a eu quelques tensions, quelques confrontations, mais nous sommes sortis indemnes de ce petit périple. Indemnes et clairement moins riches.

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