18 avril 2010

Courage, maman.

Je suis au Complexe Desjardins avec ma mère. On chille. Elle me fait "Attends, je vais retirer des sous au petit guichet juste là".

Le guichet automatique. Symbole technologique aujourd'hui un peu has-been mais qui, à son apogée, a scindé le monde en deux: les aventuriers et les réfractaires. Les premiers l'ont adopté, point. Les réfractaires, eux, tètent encore aujourd'hui au comptoir de la caisse pour des opérations qui auraient pu facilement se régler au guichet, ou mieux encore dans le confort du foyer... Mais non, ils préfèrent y aller en personne, jaser la petite préposée qui, de toute façon, a de moins en moins de travail. On parle surtout ici de personnes âgées et à la limite je peux comprendre. Ça fait une sortie et puis, pour quelqu'un qui a connu le bas de laine et la pile de billets sous le matelas, un truc automatique qui bouffe des cartes et crache des sous, ça fait limite suppôt de Satan (ex-æquo avec les boîtes vocales).

Chez les aventuriers, ceux qui, n'écoutant que leur courage, ont adopté les guichets automatiques à l'époque, on distingue aujourd'hui deux sous-catégories: ceux qui sont éventuellement passés en vitesse supérieure - Internet - et ceux qui s'y refusent.

Alors j'étais devant ledit guichet avec ma mère, qui s'inscrit dans la catégorie 1b: les ex-aventuriers qui refusent de considérer Accès-D comme une solution sensée, rapide et écologique. Le guichet est un vieux bodé qu'on n'abandonne pas.

Elle entre sa carte, pitone et... Ouh, s'arrête. Craint. Redoute. Perplexe, se demande à haute-voix de quelle fente l'argent va sortir (la même que d'habitude, je dirais, maman chérie). Puis, maternelle, se penche et colle l'oreille sur la bête en gestation... Ça va fonctionner, tu crois?

Ouf oui, ça fonctionne. C'est bon, qu'elle dit, j'entends les petits tuf tuf tuf des billets.

(Quel soulagement!)

Elle entreprend d'imprimer son relevé. Oui oui, le genre de truc qui ralentit tout le monde à la caisse...

- Dire que tu pourrais tout voir ça sur Accès-D!
- Oui, mais j'aime mieux l'avoir sur papier.
- D'accord, comme tu veux.

Elle insère la petite fe-feuille. C'est long, ça n'imprime pas tout. Il manque les transactions du mois de mars.

- Au risque de me répéter: dire que tu pourrais tout voir ça sur Accès-D!

Un jour, j'arriverai à la convertir, je vous le promets. C'est une femme très intelligente, elle saurait facilement se débrouiller avec les transaction par Internet. Je crois qu'elle n'a pas encore sondé l'étendue des possibilités, voilà tout. Mais elle est très drôle à se soucier du petit guichet. J'en profite pour lui dire comme ça ferait un beau texte sur mon blogue.

- Mais oui, écris-le ma chérie!

- Non... Mais non, maman, j'oserais pas...

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