24 avril 2010

Les prénoms que j'aurais pu avoir

Si j'aime beaucoup mon prénom aujourd'hui, enfant je le trouvais très moche. Vers six ou sept ans, pour redresser un peu cette fâcheuse situation, je projetais de le muter graduellement en Maria, sans que personne ne s'en rende trop compte (super réaliste, bien sûr... Dis donc, tu t'appelais pas Marie, toi, à une époque? Ouais ouais, maman, mais j'ai changé ça en douce, dans votre dos).

Maria ça sonne latin souavamenté. Pour ma mère, ça sonne vieux, ça sonne ma tante Maria. Mais moi je l'épelais Marie-a, attention, c'est pas pareil. Beaucoup plus frais, déjà. Plus actuel.

Dans un livre des records Guiness des années 70 chez mes parents, j'ai lu un jour que la femme la plus grosse du monde se prénommait Rita. Inspirée, sans doute, par son double exploit d'avoir son nom dans un livre - qui plus est un livre des records - et que ce ne soit pas un prénom moche comme Marie, j'ai tout de suite flashé. Oh là Rita, je trouvais ça vraiment joli, voire distingué. Je jouais à la princesse, je rêvais que je m'appelais Rita. (Ouins, non, j'avais pas des standards de qualité très élevés... )

Mon père pensait m'appeler Rodrigue, semble-t-il. C'est mon album de bébé qui l'a trahit. Le prénom que tu auras si tu es une fille? Marie ou Sophie. Si tu es un garçon? Maman voudrait t'appeler Julien, et papa... Rodrigue. En hommage au Cid de Corneille? À peine fœtus, déjà tant de poésie dans ma vie. Et j'en ai rajouté une couche, bien sûr, avec mes fantasmes sur le thème Rita la princesse. Mais je crois, honnêtement, que mon père a écrit ça pour le kick, pas forcément sérieusement. De toute façon, ma mère se serait vertement opposée à ce que son fils porte un prénom aussi weird. J'ose espérer.

Avec Crousti, j'ai bien sûr eu la conversation classique: comment nommer nos enfants, le temps venu? Lui affectionne particulièrement le prénom Zoé. Et j'avoue que c'est plutôt mignon. Mais vous savez comme il y a des noms qui sont incrustés dans votre disque dur et qui évoquent des images ou des gens pas si agréables. Bien que je n'en aie jamais connue une seule, pour moi, une Zoé ça vit en 1991, ça porte un coton ouaté fluo et une couette sur le côté soigneusement gaufrée. C'est un être dynamique, élancé et sportif, une Zoé. C'est chef d'équipe au ballon chasseur. Et ça, très peu pour moi, vraiment. J'ai d'autres rêves pour mes enfants.

Bref, son chien est mort, à Zoé. Elle va rester en 1991. Elle jouera à l'élastique, tiens, avec mon moi de 9 ans qui renie son prénom en rêvant de s'appeler comme la femme la plus obèse du monde.

2 commentaires:

  1. Et ça finit par te regarder croche dans la rue parce que t'as pas le temps de t'arrêter faire un don pour le sida, une Zoé.

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  2. Exact. Ah j'adore, vases communicants de théories bloguesques.

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