14 avril 2010

Profs: un melting pot

L'un de mes profs du secondaire est décédé la semaine dernière. On ne se connaissait pas vraiment, remarquez; dans son orchestre, j'étais deuxième violon au sens propre comme au figuré. Je n'ai pas l'intention de faire l'apologie d'un prof que je n'ai pas connu sous prétexte qu'il n'est plus de ce monde. Cela dit, il s'est sans doute consacré à sa tâche de pédagogue du mieux qu'il a pu et ça mérite une pensée reconnaissante.

Les profs... On se rappelle des plus gentils comme des airs bêtes. J'ai oublié le nom de plusieurs d'entre eux mais, pour chacun, un détail au moins reste gravé en mémoire. Même pas un souvenir exact, juste un flash. Des fois une niaiserie.

M. Histoire, sec. 4, par exemple. En fin d'année, alors qu'il distribuait les copies d'un examen, j'avais aperçu son aisselle, par sa manche de chemise qui bâillait, et cette image pas si gracieuse de poils unis en une grosse frisette humide me revient encore en tête de temps à autre, quatorze ans plus tard. Son nom? Aucune idée.


M. Français, sec. I. Très aimé de ses étudiants, probablement à cause de son franc-parler. Ardent défenseur du droit de fumer comme une cheminée dans son local de cours. La direction lui faisait des gros yeux avec plein d'autorité. J'imagine qu'elle a finit par abdiquer, lasse de s'engueuler avec lui. C'est ça, tousse ta vie.


Mme Français, sec. 2. Rigolote, jeune, un espace entre les incisives. N'envisageait pas une seule seconde de se pointer à son conventum du secondaire parce qu'elle avait, expliquait-elle, pris 30 livres en 10 ans. C'était une chose impensable pour moi, à l'époque. Finalement je ne suis pas allée au mien non plus. Y en-t-il seulement eu un, d'ailleurs? Sais pas.

M. Physique, sec 4. Un type weird trop souriant aux yeux globuleux - que je surnommais affectueusement l'Oppossum aux aguets. N'était pas issu du monde de l'enseignement et ne connaissait rien à la physique. Cet amateur de cols roulés vert forêt et de corduroy kakis a donc eu tôt fait de perdre toute crédibilité aux yeux de la classe entière. La situation ne s'est guère améliorée lorsque, sans doute à bout de ressources, il a déclaré une guerre du silence. Nous pouvions communiquer par petits mots sur des papiers, mais il refusait d'ouvrir la bouche. Un su-per exemple de maturité.

L'année suivante, je l'ai surpris à chanter "Quand je pense à Fernande, je bande" à la profe de biologie, à qui j'ai offert mon plus tendre regard compatissant. Pauvre fille.

2 commentaires:

  1. L'opossum aux aguets!

    Je meurs.

    De rire.

    RépondreSupprimer
  2. Oh Lord.
    Souvenirs retrouvés, fredonnait la succulente Francine Raymond.

    RépondreSupprimer